Séverine, peux-tu, en quelques mots, te présenter ?
Je m’appelle Séverine Tschopp, j’ai 19 ans, je vis en Valais, à Sion. J’ai fini mon collège cette année et j’ai comme projet d’intégrer la HES à Sierre dans la filière travail social. J’aime l’art, la musique et tout ce qui nécessite un travail d’imagination et de projection.
Pourquoi as-tu décidé de faire une expérience de volontariat en Argentine ?
Tout d’abord, j’ai décidé de me rendre en Argentine car j’ai toujours été fascinée par la culture du pays. Puis, il s’est avéré qu’après l’obtention de ma maturité gymnasiale, je me suis retrouvée perdue. Je ne savais pas oú me diriger professionnellement, ni dans ma vie en général. J’ai pris alors la décision de prendre cette année et la mettre au service des autres, de faire quelque chose que je jugeais important, et c’était en même temps une manière de m’éloigner de tout ce que j’avaisi connu avant ça pour pouvoir me retrouver. J’ai alors choisi de postuler dans la Pastorale Pénitencière pour m’intéresser à la situation dans laquelle vivent les prisonniers quotidiennement, apporter ma touche d’espérance et les valoriser en tant que personne.
Quelle a été ton impression la première fois que tu es entrée en prison ?
Je me souviens parfaitement de ma première fois en prison, de mes premières impressions, mes ressentis. C’était un vendredi après-midi à l’atelier de chant à l’Alcaídia. Je me rappelle, au moment de rentrer dans la salle où se réalisent les ateliers, j’ai eu une petite boule au ventre. Ce n’était pas vraiment de la peur, mais plus de la curiosité, le fait de se lancer dans l’inconnu. A l’arrivée des prisonniers, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Ils ont directement tous essayé de me mettre à l’aise, de s’intéresser à moi, à ma vie, à mes motivations par rapport à ma venue en Argentine. Ils se sont vraiment donnés du mal pour que je me sente bien, et à vrai dire, il n’y a pas eu un moment où je me suis sentie mal à l’aise ou pas à ma place. Ce qui m’a vraiment touchée, c’est que j’avais l’impression que c’était eux qui venaient me visiter, comme s’ils avaient pris mon rôle et qu’ils venaient eux à mon encontre, à apprendre à s’intéresser à moi et à me connaître. Ça a été un des moments très fort de mon expérience ici. Puis, nous avons commencé à chanter tous ensemble, j’étais vraiment émue de les voir ainsi, ils paraissaient sereins, biens tout simplement. Ce fut un grand moment de partage et cette première expérience en prison restera un grand moment dans mon volontariat ici et dans ma vie.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail avec les prisonniers ?
Ce qui me plaît le plus dans mon travail en prison, c’est cette thématique du partage, de la confiance et surtout la partie relationnelle et humaine. Je me surprends à voir l’évolution des prisonniers et la mienne par rapport au début de mon expérience ici. A présent, les prisonniers se confient, partagent de bon coeur avec moi et pour moi il n’y a rien de plus gratifiant. Il est touchant de voir ce que l’on peut construire avec seulement un peu de temps et de l’envie. J’aime voir que, en dépit de leur situation et quotidien difficiles, ils trouvent toujours du temps pour rire, participer, apporter une parole, un sourire. Bon nombre me dit que ces visites leur apportent la joie, une manière de s’échapper de leur quotidien et que ça leur fait énormément de bien. Malgré que l’on puisse penser que ce qu’on leur apporte est peu, pour eux cela représente beaucoup et ils le valorisent. Ce sont des moments de pur partage où l’on apprend à vivre et valoriser le moment présent.
Qu’est-ce que tu prends de cette expérience dans tes bagages ?
Cette expérience m’a appris beaucoup de choses. Tout d’abord, elle m’a permis de sortir de ma routine et de mon quotidien pour aller à l’encontre de l’autre, d’une nouvelle culture et d’une nouvelle manière de se représenter les choses et la vie. J’ai appris à prendre les choses telles qu’elles sont et à accepter que l’on ne peut pas tout contrôler. J’en retire des souvenirs et moments inoubliables que je garderai à vie. Cette expérience m’a permis de grandir, de me connaître mieux et de pouvoir découvrir une autre réalité, autre que la mienne. Elle m’a appris à valoriser les choses que je possède et l’instant présent.