Peux-tu, en quelques mots, te présenter ?

Je m’appelle Mathilde, j’ai 19 ans et je viens de finir le collège à Sion. J’ai toujours voulu apprendre l’espagnol pour pouvoir aller en Amérique du Sud, un continent qui m’a toujours attirée et que nous avons visité avec ma famille il y a quelques années. J’aime bouger, rencontrer des gens et je suis curieuse d’apprendre les coutumes d’un pays.

 

Pourquoi as-tu décidé de faire une expérience de volontariat en Argentine ?

Tout d’abord, je sentais que j’avais besoin de faire une pause après le collège, avant de recommencer les études. Voyager et découvrir un autre pays et une autre culture me paraissait être la meilleure idée pour grandir un peu, voir le monde et me rendre compte de ce qui se passe en dehors de la Suisse. Je ne voulais pas seulement voir en tant que touriste mais surtout connaître. Connaître les habitudes, les gens, les bons et les mauvais côtés d’un pays qui m’était inconnu. A mon avis, c’est en étant immergé que l’on apprend le plus et que l’on profite des richesses d’un pays.

 

Qu’est-ce qui t’a le plus frappée à ton arrivée à Santa Fe ?

Le centre de la ville m’a paru être une ville quelconque, bien loin de l’idée que je me faisais d’une ville d’Amérique du Sud. Mais j’ai vite remarqué que dès que l’on sortait un peu, le changement était radical. La différence entre les niveaux de vie est impressionnant. Peu à peu la route et les maisons deviennent plus sommaires jusqu’à arriver à des habitations dans lesquelles il me paraissait impossible de vivre, tant elles étaient sales, au milieu des déchets et des chiens errants. Mais là au milieu, il y a des enfants qui s’amusent et qui sautent dans nos bras dès que nous arrivons. Beaucoup d’entre eux sont très affectueux, et le moment des adieux est toujours très dur, même si nous revenons la semaine suivante.

Un autre point qui m’a plus choquée que frappée, c’est les conditions dans lesquelles vivent les prisonniers dans les commissariats. Ils peuvent être jusqu’à 20 dans une seule petite cellule insalubre. Et malgré tout ils nous accueillent à chaque fois avec le sourire et un bon maté.

 

Quelles activités réalises-tu ?

Je vais trois matinées par semaine donner de l’appui scolaire à des enfants dans un barrio qui s’appelle Santa Rosa. Là-bas, il y a une maison communautaire qui propose plusieurs genres d’activités pour les enfants, adolescents et aussi pour les mamans.

Je participe aussi aux ateliers avec d’autres enfants dans trois quartiers différents. Bien qu’ils aient le même type de situation de pauvreté, chaque quartier a ses caractéristiques et les relations avec les enfants sont à chaque fois nouvelles.

En ce qui concerne les prisons, je n’y vais qu’une fois par semaine et je vais aussi dans un commissariat. Je participe à l’atelier « ciné-débat », où nous regardons un film qui amène à des réflexions et ensuite nous en parlons. Le temps de débat varie beaucoup, il y a des jours où nous parlons de choses complètement à part mais ceci m’a beaucoup intéressé, j’ai pu me rendre vraiment compte de ce qu’ils pouvaient vivre et des difficultés qu’ils rencontrent en sortant de la prison. En effet, ils n’ont aucun soutien ou suivi, aucune intégration et il est donc dur pour eux de se remettre à la vie active.

 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail avec les enfants ou avec les prisonniers ?

Avant tout, ce que j’apprécie le plus est de voir les enfants hors de leur réalité, libres de jouer comme des enfants de leur âge même si j’ai souvent remarqué qu’ils grandissent plus vite que les Suisses. Ils ont souvent la responsabilité de la petite sœur ou du petit frère, et ils prennent ce rôle très au sérieux.

Avec les prisonniers, les relations sont très différentes. Souvent ils sont très curieux de savoir comment on vit en Suisse, à quoi ça ressemble et ce que les volontaires font. L’accueil est toujours très chaleureux, ils font toujours en sorte qu’on se sente à l’aise.

Mais par-dessus tout, le plus précieux sont les discussions avec les femmes qui travaillent avec moi à l’appui scolaire. C’est l’endroit où j’ai le plus appris de la vie des barrios puisqu’elles y ont toujours vécu. Je suis à chaque fois surprise de tout ce qu’il se passe, et elles en parlent avec beaucoup d’émotion. Malgré tout, elles se battent pour améliorer l’éducation des enfants, l’échange et l’entraide entre les personnes.

 

Quel message aimerais-tu laisser aux lecteurs de ce journal ?

Osez partir, découvrir et sortir de votre cocon. Il y a des choses incroyables à découvrir et à apprendre… Le voyage forme la jeunesse!

 

Veux-tu ajouter quelque chose ?

Cette expérience m’a beaucoup apporté et je m’en souviendrai toute ma vie. J’espère que je pourrai la partager avec mes proches et leur transmettre ce que j’ai appris et vécu.