L’âge n’est qu’un chiffre
A 12 ans je pensais qu’à 20 ans je serais déjà vieille. A 20 ans je me disais qu’à 25 ans j’aurais une vie stable et posée, à 25 ans mon envie de voyager et de faire de l’humanitaire ne cessait de grandir mais promis à 30 ans j’aurais un travail, un mari et des enfants. A 28 ans, j’ai compris qu’il n’y avait pas de date de péremption, que l’âge n’avait aucune importance et surtout qu’il était temps d’écouter mon coeur et d’aller au bout de mon rêve: découvrir l’Argentine.
Pourquoi faire simple si l’on peut faire compliquer ?
Je ne savais pas pourquoi l’Argentine m’attirait tant mais il fallait que je le découvre. Je voulais connaître ce pays au contact des habitants, et faire un volontariat me paraissait la solution la plus adéquate. J’ai donc décidé de troquer mon travail de responsable communication – marketing pour du volontariat dans les prisons, mon appartement lausannois pour un bon sac de voyage et mon quotidien pour une année remplie d’imprévus.
Je suis partie, convaincue que j’avais fait le bon choix, me disant néanmoins que j’avais tout de même ce don de me compliquer la vie.
De Cusco à Santa Fe…
Première étape de mon voyage: apprendre l’espagnol à Cusco au Pérou. Mon dictionnaire en poche, je suis prête à retourner sur les bancs d’école. Trouvant mes journées bien peu remplies et désirant connaître mieux les cusquéniens, je m’engage en tant que volontaire pour une association aidant les enfants de 6 à 15 ans. C’est le coeur serré et la tête remplie de souvenirs que je termine ces 2 mois pour partir sac à dos à la découverte du Pérou et de l’Argentine. Quelques milliers de kilomètres plus tard, me voilà à Santa Fe, impatiente de démarrer la nouvelle aventure qui m’attend.
Entre improvisation et peinture, les confessions trouvent parfois leur place
Contre toute attente c’est avec les prisonniers que je me suis sentie le plus à l’aise et j’ai tout naturellement décidé de consacrer mon temps au domaine carcéral.
Atelier de théâtre, atelier d’art et visite de commissariat rythment dorénavant mon quotidien. C’est un travail et un apprentissage de tous les jours. Pas à pas, j’apprends à connaître ces personnes dont je ne connais rien de leur passé et à trouver ma place dans ce monde quelque peu particulier. En allant 3 fois par semaine dans la même prison, je parviens à tisser gentiment une relation de confiance et entre deux matés, quelques coups de pinceaux et de bons rires, il y a ces moments magiques où certains prisonniers se confient à moi. C’est quand ils me regardent droit dans les yeux et qu’ils me disent « merci de venir nous voir, votre présence est une bouffée d’air frais » que je me dis que tout ça fait du sens. Evidemment, tout n’est pas si simple, il y a des journées difficiles où je ne sais plus pourquoi je suis là, où ça me révolte d’avoir une si belle vie face à ces personnes privées de liberté et où je me console à coups de cuillères de dulce de leche.
Grandir grâce à l’autre
Je ne prétends pas sauver le monde, loin de moi cette idée. Cette expérience m’enrichit et m’apprend à titre personnel bien plus que ce que j’ai à offrir. Cependant, si je peux, ne serait-ce que l’espace d’un instant, apporter un peu de légèreté dans la journée d’un prisonnier, alors tout ça vaut vraiment la peine.